Pourquoi le nouveau bonus écologique va augmenter les factures de carburant et d’électricité

 
Le bonus écologique s’apprête à vivre sa première révolution en 15 ans de carrière. Les voitures électriques seront toujours financées par le contribuable, mais avec un risque de faire flamber les factures d’énergie. Cependant, cette hausse devrait finalement être contenue.
Renault 5 E-Tech // Source : Robin Wycke pour Frandroid

À compter du 1er juillet 2025, le bonus écologique automobile change radicalement et bascule de l’impôt vers votre consommation d’énergie. Le financement sera assuré non plus par l’État, mais en grande partie par les fournisseurs d’énergie, via les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). Une bascule technique, mais lourde de conséquences comme nous l’avions déjà expliqué dans une précédente actualité sur le sujet.

Depuis 2005, les CEE imposent aux énergéticiens (gaz, électricité, carburants, etc.) de générer des économies d’énergie, sous peine d’amendes. C’est ce qui permet, notamment, de rénover sa maison à bas coût (les fameuses isolations à 1 euro).

Ce mécanisme servira désormais à financer les aides à l’achat de véhicules électriques, remplaçant le bonus étatique. Résultat : un bonus enrichi (de 3 100 jusqu’à 4 200 € pour les ménages modestes) mais financé non pas par les contribuables via les impôts, mais via des hausses sur les factures d’énergie des consommateurs.

Quel impact sur vos factures ?

La Cour des comptes alerte depuis plusieurs années : les CEE ne sont pas neutres. Elles pèsent en 2023 à hauteur d’environ 164 euros par ménage par an, soit un peu plus de 4 % de la facture énergétique annuelle. Selon d’autres sources, ce chiffre grimpe jusqu’à 160 € rien que pour un foyer chauffé au gaz (ou roulant beaucoup).

Selon la Cour des Comptes, le poids des CEE représente environ 7 cts/litre de carburant, 0,70 ct/kWh de gaz et 0,69 ct/kWh d’électricité, soit plusieurs centaines d’euros par foyer et par an.

L’inquiétude montait à l’idée d’un doublement des obligations CEE pour la période 2026‑2030, ce qui aurait eu pour effet de doubler le poids des CEE sur les foyers.

Finalement, le gouvernement a tranché : une augmentation plus modérée, d’environ 25 %. Bercy assure que cette hausse permettra d’intégrer les aides en douceur, sans provoquer d’explosion des prix à la pompe ou sur les factures comme le relaye Contexte.

Débudgétisation : pari réussi, mais à quel prix ?

Le 70ᵉ arrêté prévoit de libérer l’équivalent de 13 % des CEE 2024, de quoi financer à la place le bonus auto. Mais attention, pas de magie possible : pour financer davantage, il faut générer plus de CEE, donc augmenter les obligations et donc les coûts pour les consommateurs.

« On ne crée pas des CEE par magie. Si vous voulez débudgétiser certaines politiques publiques, vous devez nécessairement générer plus de CEE, donc augmenter l’obligation » affirme Isabelle Gasquet du Réseau Cler.

D’un côté, cette transformation du bonus est une victoire : les montants seront plus généreux pour les consommateurs et l’État y gagne, en réduisant le déficit budgétaire.

De l’autre, la facture glisse dorénavant vers les consommateurs, cachée dans les lignes de gaz, électricité, essence et diesel. Un transfert financier finement orchestré, qui est forcément plus injuste que le financement du bonus écologique.


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